sujet sur le partage bac lettres
THEME : Le Partage
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: (définitions, formes, manifestations, effets sur la communauté humaine, domaines de réalisation, difficultés, partages de sentiments/ partage d’intérêts…)
• Pour introduire
- L’importance du partage dans la société humaine est indiscutable. Tout le monde en a besoin.
- Le partage, c’est l’action d’avoir part à quelque chose ou l’attitude qu’on porte à l’égard d’une personne ou d’un groupe en vue de s’occuper de lui, de sentir ses peines et ses joies et de participer à la réalisation de son bonheur et de sa réussite dans un cadre d’affection souvent réciproque.
- Le partage c’est un comportement personnel qui ne peut s’appliquer que dans un cadre bien déterminé : que cela soit familial, social, national, ou, par extension, international. Il est rattaché à la dimension humaine chez tout homme, à ses capacités à compatir aux malheur des faibles, des pauvres et des opprimés, d’être attentif aux chagrins vécus par ses semblables, à leurs soucis, de prendre en change la défense des intérêts individuels ou collectifs d’autrui.
• Comment le partage devient-il le profit d’autrui ?
- Partager la joie, la tristesse, les moments forts de la vie d’une personne qu’ils soient de réussite ou d’échec, c’est lui porter un intérêt principal, c’est lui témoigner d’une émotion sincère, dévouée, dénuée de tout calcul, de tout profit personnel étroit ; c’est la négation du Moi en faveur du bien des autres.
- La vie en société est la condition principale d’assurer le partage. Du fait, on ne peut pas contester que « l’homme est sociable de nature » (Ibn Khaldoun) et que tout homme a besoin d’une certaine affection qui lui permet de vivre en équilibre parmi ses semblables. C’est pour cette raison que l’exclusion et la marginalisation de certaines personnes pour des raisons religieuses, ethniques, raciales, ou culturelles, entraîne des querelles et des conflits, et parfois, même des guerres.
- Toute personne vivant dans la société doit prendre part à ses soucis, s’occuper de ses malheurs et de ses joies. Du fait, « on a toujours besoin de plus petit que soi » comme l’exprime La Fontaine dans l’une de ses Fables intitulée « Le lion et le rat » ; et il n’est pas évident qu’on puisse se retirer dans sa tour d’ivoire et éviter de s’associer aux autres membres de la société sous prétexte qu’ils n’ont pas le même état d’esprit, les mêmes tendances ou les mêmes manières de penser.
- Dans le livre saint l’Evangile, selon Saint-Jean, on lit : « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » André Gide s’est inspiré de ce verset pour écrire son autobiographie intitulée Si le grain ne meurt. Également, dans Les nourritures terrestres (1897), il écrit : « Mon bonheur est d'augmenter celui des autres. J'ai besoin du bonheur de tous pour être heureux. »L’auteur fait montre d’une attitude de grand altruisme.
- Alors, est-il possible de vivre dans un univers de partage ? Quelles sont les difficultés opposées à la réalisation du partage ?
• Les difficultés à réaliser le partage dans notre société actuelle :
- D’une part, le partage est difficile à réaliser dans une société à facettes multiples, où les différences ne sont pas respectées, où l’exclusion règne et l’incrimination domine au sein même de la famille ou dans des cadres sociaux étroits, notamment les lycées, les lieux de travail, etc. S’il y a présence de partage surtout à l’échelle mondiale, c’est celui des profits communs, des intérêts qui incombent aux pays « frères ou amis» comme on disait souvent.
- « Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » (Antoine de Saint-Exupéry) : par cette maxime, l’auteur illustre l’importance de la vie en société comme moyen d’enrichissement, mais lié à la condition de ne pas léser, de ne pas blesser l’autre. Le partage consiste ainsi à cohabiter avec son frère, son voisin, son collègue au travail, … sans pour autant lui causer du mal, particulièrement au niveau moral puisque chacun de nous a des sentiments de dignité, de fierté qu’il doit protéger contre les atteintes extérieures.
- La société actuelle tend vers l’individualisme, la recherche d’un bonheur rapidement gagné, d’un profit matériel personnel, sans aucun intérêt porté aux classes plus démunies, et souvent privées des nécessités minimales pour une vie estimable. L’exemple des tunisiens après la révolution de 2011 illustre cette idée : nous remarquons le trafic, la hausse des prix, la contrebande, les grèves. Tout veut avoir tout et personne ne pense aux plus pauvres qui vivent dans la grande misère et dans certaines régions lointaines, dans la pénurie générale.
- Les vices personnels et sociaux tels que la médisance, la rancune, la haine, l’égoïsme, la paresse, la volonté de jouissance illégitime, le non respect des lois, l’ignorance, l’irresponsabilité, rongent les relations sociales qui nous entourent. Ils se dressent contre le bonheur de tous en coupant le chemin à toute entente entre les voisins ou même parfois dans le cadre de la famille ou du travail. On ne peut pas nier la présence d’une certaine méfiance entre les plus proches des hommes étant donné que la trahison s’installe de plus en plus parmi les gens et que le profit efface progressivement les valeurs suprêmes de fidélité, de convivialité, d’honneur, etc.
- Victor Hugo se place en mage, en guide de son peuple et même de toute l’humanité sur le chemin du respect mutuel, du dépassement des futilités et des bassesses d’esprit qui peuvent nous conduire au mépris réciproque. Il met en cause certains comportements maladifs tels que la médisance : « Bonnes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes
Tout, la haine et le deuil ! (…) » , écrit-il dans Toute la lyre.
- Les relations internationales sont gouvernées par les profits : on lève les fausses affiches de la démocratie, de la liberté, des droits de l’homme avec des apparences brillantes et des voix résonantes afin de faire la guerre profitable aux plus forts. Les révolutions de ce qu’on appelle « le printemps arabe » illustrent bien cette idée. On essaie de nous détourner de nos vrais problèmes en nous créant des différences ridicules et fâcheuses entre nous.
• Cependant, le partage reste toujours réalisable…
- D’autre part, la valeur de partage subsiste dans divers cadres, depuis le couple amoureux, jusqu’aux relations mondiales et nations amies en passant par la vie en famille et dans une société bien déterminée. Le partage de sentiments l’emporte souvent à celui des intérêts.
- Dans Jean Christophe, roman autobiographique de Romain Rolland, l’auteur nous relate sur un ton pathétique la relation entre Christophe et sa sœur qui se sont partagé tous les moments de détresse qu’ils ont vécus ensemble, depuis la mort de leurs parents jusqu’à la maladie subie par le garçon. Leur patience s’est récompensée par la réussite de Christophe à la fin de l’année et leur joie était sans limites. La fille a trop enduré en travaillant pour payer la pension de son frère étudiant à Paris. Elle a reconnu la valeur de l’affection fraternelle et elle a retenu la pensée de sa mère défunte : « leur mère avait raison : tout valait mieux que la séparation. Même la misère, même la mort, pourvu qu’on fût ensemble,» a-t-on écrit. [dans le cadre familial/ fraternel]
- Christophe connaît bien la valeur de la vie en famille, et à la différence de ses deux frères aînés, Rodolphe et Ernest, il s’attache à sa mère Louisa et lui meuble sa solitude, longtemps soufferte après la mort du père. Il ne se lasse pas des souvenirs malheureux ni des moments de tristesse que sa mère reprend incessamment. [ Dans le cadre familial]
- L’amour est un thème toujours associé au partage puisque toute histoire d’amour vrai ne conteste jamais la notion de partage, les principes de dévouement et de sacrifice. Dans cette perspective, nombreux sont les poètes qui ont chanté les joies de l’amour auprès de l’être aimé. L’amour d’Elsa n’a-t-il pas sauvé Aragon de la dépression qui a failli l’amener au suicide ? Et c’est d’ailleurs pour elle que des recueils d’immense lyrisme comme Elsa et Le fou d’Elsa sont dédiés. Paul Eluard déclare son amour pour Dominique en reconnaissant qu’il a besoin d’elle pour être complété. Le partage n’est-il pas la complémentarité entre les êtres incomplets dans leur solitude ?
« Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui », ainsi chantait Eluard.
[Dans le cadre du couple.]
- Dans son texte extrait de Julie ou La nouvelle Héloïse, Jean Jacques Rousseau fait l’éloge de la vie à la campagne, en plein nature, non seulement pour la beauté du cadre naturel, mais aussi et surtout pour la bonhomie des gens, la supériorité des qualités dont témoignent les habitants des villages. Pendant la scène des vendanges, il s’aperçoit de la gentillesse des vendangeurs, pauvres paysans qui, malgré leur pauvreté et leur simplicité, n’éprouvent aucune mauvaise foi à l’égard de leurs patrons. Ils cajolent les fils des bourgeois avec grande affectivité : « Avec quelle joie ces bons villageois les voient arriver ! Ô bienheureux enfants ! disent-ils en les pressant dans leurs bras robustes, que le bon Dieu prolonge vos jours aux dépens des nôtres ! Ressemblez à vos pères et mères, et soyez comme eux la bénédiction du pays ! » commente Rousseau en reprenant leurs propos. [ Dans le cadre professionnel]
- Il est de même du partage entre les groupes sociaux, dans le cadre d’une communauté plus épanouie. Les voix de l’union réclament toujours la cohabitation, l’entente, le respect et la compréhension d’autrui malgré ses différences quel que soit leur ordre, puisque dans l’union réside toute la force des « atomes appelés hommes », aux « débiles corps », aux « langages insuffisants », aux « usages ridicules », aux « opinions insensées », pour reprendre les expressions de Voltaire s’adressant à Dieu dans son Traité sur la tolérance.
De sa part, Félicité de Lamennais invite les hommes à être solidaires, à se partager les malheurs de la vie commune, à se rapprocher les uns des autres en vue d’avancer ensemble et d’éviter le danger d’être dominés. Ainsi, écrit-il dans sa Parole d’un croyant: « Celui qui est plus fort qu’un seul sera moins fort que deux et celui qui est plus fort que deux sera moins fort que quatre ; et ainsi les faibles ne craindront rien lorsque, s’aimant les uns les autres, ils seront unis véritablement. »[ Dans le cadre social/ humain]
- Même sur le plan international, la plupart des pays du monde éprouvent une certaine tendance vers le partage quand il s’agit surtout de problèmes climatiques ou des difficultés de vivre suite aux menaces subies par notre planète. On ne peut pas nier les efforts fournis par plusieurs nations pendant les « Sommets à propos de la terre » afin de limiter les effets néfastes des matières nucléaires ou les aides humanitaires aux pays sinistrés en cas de catastrophes naturelles telles que la sécheresse, les tsunamis, les ouragans, les séismes et les inondations. [ Dans le cadre international]
• Pour conclure :
- A vrai dire, le partage échappe à toute classification, à toute limite du moment qu’il couvre plusieurs domaines de notre vie :sentimental, culturel, politique, économique, …et revêt différents aspects :familial, social, national, mondial. Il est une disposition humaine qui démontre de la grandeur d’âme et de la richesse d’esprit. Il favorise le bonheur et la paix sociale. Au demeurant, son accomplissement dans n’importe quelle société reste l’objet du niveau culturel, de l’éveil intellectuel de tous les constituants de cette société. L’esprit a un rôle très important dans l’installation d’une mentalité de partage. Il est au profit de tout le monde s’il y a conscience de ses bienfaits et responsabilité dans les décisions de tous les partis d’en faire une priorité.